
Traverser les Pyrénées à vélo, c’est bien plus qu’un défi sportif : 799 kilomètres. 19 650 mètres de dénivelé positif. 30 cols. 12 étapes. Ce n’est pas une simple route, c’est un rite de passage. Une traversée physique autant qu’intérieure. De l’Atlantique à la Méditerranée, c’est un fil noir qui serpente entre les montagnes, un fil tendu entre effort et émerveillement, solitude et dépassement. Pour les passionnés de cyclisme, c’est le Graal : une immersion totale dans le monde des grands cols du Tour de France 🚵. Une ode à la lenteur, au souffle maîtrisé, au plaisir brut de faire corps avec la montagne. Ici, pas de spectateurs, pas de dopage, pas de chrono. Juste vous, votre vélo (électrique ou non)… et la route qui s’élève. J’ai voulu rédiger un article sur la traversée des Pyrénées à vélo car cela est mon prochain défi de cet été. Je vous tiendrai au courant.
Un itinéraire mythique : entre deux mers, une diagonale céleste
Ce parcours n’est pas une ligne droite, mais une composition en mouvement, une fresque vivante où chaque vallée, chaque col, chaque village raconte une histoire. C’est un voyage dans la diversité des Pyrénées : des vertes vallées du Pays basque aux pentes rocailleuses de l’Ariège, des forêts profondes aux balcons ensoleillés ☀️ du pays catalan.
- Les vallées basques : généreuses, boisées, mystiques.
- Le Béarn : minéral, brut, ponctué de villages aux toits d’ardoise.
- Les Hautes-Pyrénées : terres de géants, d’efforts dantesques et de panoramas à couper le souffle.
- L’Ariège : sauvage, silencieuse, profonde.
- Les Pyrénées-Orientales : méditerranéennes, solaires, ouvertes sur l’horizon.
Chaque col devient une porte d’entrée vers un nouvel univers. Et chaque descente, un relâchement, une récompense, une méditation en roue libre.
Étape par étape : le détail d’une odyssée cycliste
Jour 1 – Biarritz → Saint-Jean-Pied-de-Port (79 km | 1 500 m D+)
Le départ face à l’océan Atlantique. Les premiers coups de pédale sont grisés par l’odeur salée de la mer. Très vite, la route s’élève. Le col d’Otxondo donne le ton : vous quittez l’horizontalité. Le col d’Ispéguy marque le vrai début des hostilités. Déjà, la magie opère.
Jour 2 – Saint-Jean → Larrau (44 km | 1 500 m D+)
Une étape courte mais redoutable. Burdincurutcheta, Bagargi, Organbidexka : les noms sont rudes, les pentes aussi. On entre dans le Pays basque profond. Routes étroites, paysages farouches, senteurs de fougère et de brebis. Ici, l’effort devient sacré.
Jour 3 – Larrau → Oloron-Sainte-Marie (108 km | 2 450 m D+)
Une étape charnière. Très longue, très exigeante. Le Port de Larrau, souvent balayé par le vent, impose l’humilité. La Pierre-Saint-Martin vous récompensera avec un panorama grandiose sur l’Espagne. Les paysages deviennent lunaires. En bas, l’accueil béarnais d’Oloron et ses rivières.
Jour 4 – Oloron → Laruns (43 km | 1 040 m D+)
L’étape de récupération… relative. Le col de Marie-Blanque est plus doux, mais les dernières rampes sont raides. En haut, les chevaux en liberté vous saluent. Les pâturages s’ouvrent. Vous rejoignez Laruns, porte d’entrée vers l’Aubisque.
Jour 5 – Laruns → Argelès-Gazost (47 km | 1 470 m D+)
Journée de haute voltige. L’Aubisque, c’est le monument. La route, suspendue à flanc de falaise, est tout simplement sublime. Le col du Soulor prolonge l’extase. À Argelès, les jambes tremblent, mais le cœur déborde.
Jour 6 – Argelès → Arreau (78 km | 2 490 m D+)
Tourmalet. Aspin. Deux géants. Deux testaments du Tour de France. C’est la journée des photos iconiques et des douleurs profondes. Le sommet du Tourmalet (2 115 m) vous propulse dans une autre dimension. La descente sur Sainte-Marie-de-Campan est technique, mais somptueuse.
Jour 7 – Arreau → Saint-Béat (70 km | 1 670 m D+)
Col de Peyresourde : mythique. Col du Portillon : frontalier. Vous flirtez avec l’Espagne. Les villages deviennent plus clairsemés, la nature reprend ses droits. L’arrivée à Saint-Béat, aux portes de l’Ariège, marque un tournant : vous entrez dans les Pyrénées les plus sauvages.
Jour 8 – Saint-Béat → Castillon-en-Couserans (45 km | 1 360 m D+)
Menté, Portet-d’Aspet : deux cols courts mais rudes, au cœur d’une forêt épaisse et silencieuse. On croise parfois des cervidés. Ici, la montagne ne parle pas fort : elle chuchote.
Jour 9 – Castillon → Aulus-les-Bains (53 km | 1 580 m D+)
Col de la Core : secret, isolé, peu fréquenté. Les montagnes de l’Ariège sont pures, sans fard. Aulus-les-Bains est un havre de paix, parfait pour reposer les jambes dans ses sources thermales.
Jour 10 – Aulus → Ax-les-Thermes (83 km | 1 950 m D+)
Col d’Agnès, Port de Lers : les paysages deviennent austères, les pentes s’inclinent sans pitié. L’arrivée à Ax-les-Thermes est salvatrice : ici, l’eau chaude jaillit dans les fontaines. Un vrai luxe après la rudesse.
Jour 11 – Ax → Prades (91 km | 2 460 m D+)
Col de Pailhères, l’un des plus beaux cols d’Europe. Majestueux, technique, exigeant. Le col de Jau, plus méditerranéen, annonce le changement d’ambiance. La végétation change, le soleil aussi. Vous sentez l’arrivée.
Jour 12 – Prades → Perpignan/la mer (58 km | 190 m D+)
La dernière ligne droite. Les cols sont derrière vous. Il reste les vignes, les lauriers, les odeurs de garrigue. Et soudain, la mer. Bleue. Immobile. Émouvante.

Quel style de voyageur êtes-vous ? Trois façons de vivre la traversée
Bikepacking : liberté maximale
Léger, agile, rapide. Avec seulement deux sacoches et une tente minimaliste, vous voyagez au gré du vent. Ce style vous permet de bivouaquer, de vous arrêter quand bon vous semble, de vivre l’aventure à nu. Parfait pour les cyclistes expérimentés.
Mode confort : plaisir optimisé
Vous pédalez léger pendant qu’une agence ou un service de transport s’occupe de vos bagages. À l’arrivée : hôtel, dîner chaud, douche. C’est le bon compromis pour profiter de l’itinéraire sans sacrifier au confort.
Autonomie totale : le défi ultime
Avec 15 à 20 kilos de chargement, vous êtes 100 % indépendant. Tente, réchaud, nourriture. Vous dormez en pleine nature ou en refuge. L’effort est plus grand, mais la satisfaction aussi.
Conseils pratiques
- Quand partir ? De juin à septembre. Juillet et août offrent les meilleures conditions météo, mais aussi plus de monde.
- Matériel conseillé : vélo de route ou vélo de gravel ou vélo de randonnée, musculaire ou électrique, pneus renforcés, braquets adaptés à la montagne (compact ou triple plateau).
- Sécurité : attention aux descentes techniques, aux orages en altitude ⛈️, et à l’isolement sur certaines étapes.
- Ravitaillement : certaines étapes sont très isolées. Prévoyez toujours de quoi manger et boire.
Pourquoi tenter l’aventure ?
Parce que cette traversée n’est pas une ligne à cocher sur une to-do list. C’est un voyage initiatique. Un face-à-face avec la montagne 🚵, avec l’effort, avec soi-même. Parce qu’à chaque sommet, vous laisserez un doute, une peur, une hésitation. Et qu’à chaque descente, vous emporterez un sourire, un éclat ⚡, une force nouvelle.
La traversée des Pyrénées à vélo, c’est :
- Un retour à l’essentiel
- Une déconnexion totale
- Un baptême d’altitude
- Une mémoire de cols gravés dans la chair
Conclusion
La traversée des Pyrénées à vélo n’est pas une simple aventure : c’est une métamorphose. Chaque col franchi est un seuil, chaque vallée une introspection. Le bitume n’est plus une route, mais un fil tendu entre effort et élévation. Pendant douze jours ou plus si vous décidez de flâner, vous avancez, parfois dans la douleur, souvent dans l’émerveillement, toujours dans le silence intérieur que seule la montagne sait offrir.
Ce voyage, c’est aussi une immersion dans les territoires : le souffle du Pays Basque, les plateaux béarnais, les cathédrales minérales de l’Ariège, la chaleur catalane 🔥. C’est la découverte des cultures, des accents, des cuisines, des refuges où l’on partage un repas avec les autres randonneurs. C’est renouer avec la lenteur, avec la simplicité, avec l’essentiel.
Et à l’arrivée, les pieds dans l’eau à Perpignan ou Collioure, vous n’aurez pas seulement traversé une chaîne de montagnes : vous aurez traversé vos doutes, vos limites, vos certitudes. Vous aurez gagné bien plus qu’un défi : un souvenir indélébile, une fierté intime. Alors cela vous a donnée envie ? On se retrouve cet été sur la route 😅?