La France se positionne comme l’un des marchés les plus prometteurs en Europe pour le développement du vélo dans les années à venir. Pour stimuler cette dynamique, la place du vélo en ville est devenue une priorité des politiques locales. Afin de mesurer l’impact des initiatives publiques sur le quotidien des Français en 2024 (la dernière enquête remontant à 2021), nous avons interrogé 300 Français, qu’ils soient utilisateurs de VAE ou non. Cet article offre une analyse approfondie des résultats de cette enquête, en mettant en lumière les usages, attentes et défis pour soutenir et encourager l’utilisation des vélos électriques en France. Nous espérons que ces insights contribueront à nourrir la réflexion sur l’avenir de la mobilité cyclable.
Le VAE perçu d’abord comme une activité sportive plutôt que comme un moyen de transport utilitaire
Pour certaines personnes, le vélo est juste une manière de se déplacer. Pour d’autres, c’est un moyen de faire du sport. Selon notre enquête, 62% des propriétaires d’un VAE l’ont acheté pour faire du vélo en modérant l’effort et préserver leur santé, tandis que 55% l’utilisent pour faire du sport. Les utilisateurs reconnaissent les bienfaits du VAE sur la santé, notamment l’amélioration des aspects cardio-respiratoires, de la pression sanguine, du métabolisme des graisses et du bien-être mental. Même si l’effort est réduit par rapport au cyclisme classique, la fréquence et la durée d’utilisation sont plus élevées. Le VAE permet ainsi de maintenir une activité physique régulière, répondant aux recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé pour lutter contre la sédentarité et ses maladies associées. En plus d’être un moyen de transport, le VAE est également perçu comme un outil pour rester en forme et améliorer sa condition physique au quotidien.
Un climat cyclable toujours défavorable
Les attentes des e-cyclistes (cyclistes utilisant un vélo électrique) évoluent souvent plus vite que les politiques mises en place*. Notre enquête révèle que 42% des usagers de VAE trouvent que les conditions pour l’usage du vélo sont mauvaises, et 75% ne sont pas satisfaits des infrastructures cyclables dans leur région. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 77% des usagers ne sont pas satisfaits des infrastructures cyclables, tandis qu’en Bourgogne-Franche-Comté, 67% le sont. En effet, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en 2022, la région comptabilisait 2 075 km de véloroutes réalisées à 53%. Marseille est particulièrement en retard, avec moins de 25 km de nouvelles pistes cyclables aménagées sur les 89,2 km prévus. A contrario, En Bourgogne-Franche-Comté, en 2022, 1 940 km de véloroutes étaient réalisées à 95%. Ces chiffres mettent en évidence la nécessité de renforcer les infrastructures cyclables pour répondre aux attentes des utilisateurs.
*Le Plan Vélo et Marche 2023-2027, lancé par le gouvernement français prend la suite du Plan vélo et Mobilités actives de 2018, et vise à inscrire définitivement le vélo dans le quotidien des Français en développant les infrastructures cyclables, en soutenant l’innovation et en promouvant des initiatives comme le “Bonus Réparation”. Ce plan prévoit un investissement de 1,25 milliard d’euros sur cinq ans pour atteindre 80 000 km de pistes cyclables en 2027 et 100 000 km en 2030.
Et des attentes qui évoluent
Nous avons laissé le libre choix aux sondés propriétaires d’un VAE d’exprimer leurs souhaits en matière d’aménagement cyclables. Selon notre enquête, 60% des cyclistes avec VAE souhaitent plus de pistes cyclables sécurisées, séparées des voies pour les voitures, non partagées avec les piétons, et protégées pour éviter que les véhicules ne roulent ou n’y stationnent.
Les améliorations souhaitées incluent l’adaptation des pistes pour les vélos cargos, triporteurs et vélos avec remorques, en les rendant légèrement plus larges. Les utilisateurs demandent également une meilleure continuité des pistes cyclables, pour éviter les interruptions brusques et les zones de danger, notamment aux intersections et ronds-points. L’entretien des pistes est aussi une priorité, avec la nécessité de réparer les revêtements, nettoyer les graviers et morceaux de verre, et maintenir les infrastructures existantes en bon état.
Les cyclistes nous ont aussi remonté leur souhait d’avoir de nouvelles voies vertes et de véloroutes, particulièrement sur les anciennes voies ferrées désaffectées, afin d’offrir des itinéraires sécurisés et écologiques. L’amélioration des liaisons interurbaines avec des pistes cyclables sécurisées sur les axes importants et les routes départementales est également souhaitée.
Concernant la sécurité, 14% des cyclistes avec VAE demandent une signalisation claire et des marquages au sol spécifiques pour les vélos, ainsi que l’installation de radars et de sas-vélos pour faire respecter les règles de circulation, notamment aux feux rouges. Ils souhaitent également l’aménagement sécurisé des intersections entre pistes cyclables et routes, et la mise en place de campagnes d’information, de formation et de prévention sur les règles de circulation pour tous les usagers, y compris piétons, automobilistes et utilisateurs de trottinettes. L’éducation des usagers est jugée cruciale pour sensibiliser les automobilistes et les piétons aux besoins des cyclistes et améliorer la cohabitation sur les routes.
Enfin, 13% des e-cyclistes souhaitent de meilleures infrastructures de stationnement, incluant des parkings sécurisés, idéalement gratuits, équipés de caméras de surveillance et de systèmes de sécurisation. Quelques sondés ont également exprimé le souhait d’avoir des stations de recharge électrique pour vélos, alimentées par des sources traditionnelles ou solaires.
Parmi les sondés qui n’ont pas de vélos électriques, 33% indiquent qu’ils pourraient en acheter un si les infrastructures cyclables étaient améliorées, notamment en matière de sécurité et de stationnements sécurisés, en raison de la crainte du vol.
Vélos et commerces de proximité, une bonne complémentarité
L’enquête montre une répartition équitable des préférences pour la réparation des vélos électriques. Environ 30% des propriétaires de vélos électriques préfèrent faire appel à des réparateurs locaux, soulignant la confiance en la compétence et la proximité des artisans. Par ailleurs, 34% des utilisateurs choisissent de retourner dans le magasin où ils ont acheté leur vélo pour bénéficier de services après-vente et de garanties. Enfin, 25% des répondants effectuent les réparations eux-mêmes, ce qui reflète une tendance croissante à l’auto-réparation et à l’autonomie dans l’entretien des vélos. Ces chiffres illustrent une complémentarité entre les réparateurs locaux, les magasins spécialisés et les cyclistes eux-mêmes, contribuant à un écosystème dynamique autour du vélo électrique.
Les inconditionnels du vélo classique qui refusent l’électrique
Parmi les utilisateurs qui n’ont pas de vélo à assistance électrique (VAE), 29% déclarent qu’ils ne passeront jamais au vélo électrique ou en tout cas tant qu’ils peuvent pédaler et qu’ils sont en bonne santé. Cette réticence est principalement motivée par un attachement à l’effort physique et à la tradition cycliste. Ces cyclistes préfèrent le défi et les bienfaits du pédalage sans assistance, considérant le vélo classique comme une pratique sportive authentique et une source de satisfaction personnelle. Ces chiffres montrent que, malgré l’engouement croissant pour les VAE, une proportion significative de cyclistes reste fidèle aux vélos traditionnels par conviction personnelle et pour le plaisir de l’effort physique.
Échantillonnage de l’Enquête
L’enquête sur l’utilisation du vélo électrique en France a recueilli des réponses de 300 participants, vivant en France. Les répondants se répartissent principalement entre les tranches d’âge 36-55 ans (43,3%) et 18-35 ans (28,3%), suivis par les plus de 55 ans (28%). La majorité des répondants sont des hommes (64,3%), tandis que les femmes représentent 34% de l’échantillon, avec un faible pourcentage (1,7%) ayant préféré ne pas répondre. Les participants viennent de diverses régions de France, avec une plus grande concentration en Auvergne-Rhône-Alpes (16,7%), suivie de près par l’Île-de-France (13,7%) et la Bretagne (11,3%). D’autres régions représentées incluent Bourgogne-Franche-Comté (11%), Centre-Val de Loire (12,3%), et Corse (8%). L’échantillon inclut principalement des employés (39%) et des cadres supérieurs (24,7%). Les autres profils comprennent les indépendants (13,7%), les retraités (13%), et les étudiants (4%). Une majorité des répondants (76%) possèdent un vélo électrique, tandis que 24% n’en ont pas. Ces données offrent un aperçu complet et diversifié des utilisateurs de vélos électriques en France, permettant de mieux comprendre leurs besoins et attentes.
Merci encore à celles et ceux qui ont permis de recueillir autant de retours d’expérience. Pour en savoir plus sur la composition de cet échantillon et les règles d’analyse, envoyez-nous un message.
Conclusion
L’enquête sur l’utilisation du vélo électrique en France en 2024 révèle un engouement croissant pour ce mode de transport durable, soutenu par des utilisateurs diversifiés et motivés. Les résultats mettent en lumière plusieurs points clés : faire du VAE est davantage considéré comme une activité sportive plutôt que comme un simple moyen de transport, le climat cyclable reste défavorable, et l’amélioration des infrastructures cyclables est cruciale. En adaptant les politiques publiques aux besoins et attentes des utilisateurs, la France peut continuer à promouvoir la mobilité durable et réduire son empreinte carbone. Nous espérons que cette enquête peut fournir des insights précieux pour guider les futures initiatives en faveur du vélo électrique, offrant ainsi une ressource essentielle pour les décideurs et les parties prenantes.
Malgré l’insatisfaction de nombreux cyclistes concernant les infrastructures, l’avenir du vélo électrique en France reste prometteur, avec un intérêt croissant des collectivités et des entreprises pour ce mode de transport. Les tendances indiquent une adoption continue et une expansion du marché, soutenues par des politiques publiques favorables, des programmes de sensibilisation et une prise de conscience accrue des bienfaits du vélo électrique.
Étude réalisée par En-velo-simone.fr du 23 juillet 2024 au 2 aout 2024 par questionnaire auto-administré auprès d’un échantillon de 300 personnes, vivant en France.
