
Imaginez traverser les vignobles de Bourgogne au rythme de vos pédales, découvrir les châteaux de la Loire sans un seul bruit de moteur, ou arpenter les côtes bretonnes avec pour seul paysage le bleu de l’océan. Face aux enjeux environnementaux, à la recherche de bien-être et à la volonté de voyager autrement, le cyclotourisme 🚴♀️ connaît une popularité croissante en France. J’ai réalisé une enquête auprès de 1000 répondants pour offrir un éclairage inédit sur les habitudes de voyage à vélo. Elle met en évidence une forte appétence pour ce mode de tourisme, tout en pointant les obstacles à lever pour accompagner son essor. Qui sont les cyclotouristes d’aujourd’hui ? Pourquoi enfourchent-ils leur vélo ? Quels freins freinent encore la dynamique ? Ce panorama complet nous aide à mieux comprendre les besoins d’une pratique en pleine mutation.
Pourquoi le cyclotourisme attire de plus en plus de Français ?
Le cyclotourisme répond à une aspiration profonde : redonner du sens au voyage, en prenant le temps de découvrir les territoires, tout en réduisant son impact écologique. Cette enquête le confirme avec force : 87,6% des répondants déclarent avoir déjà pratiqué le cyclotourisme, et parmi les non-pratiquants, 97% souhaitent s’y mettre à court ou moyen terme, ce qui témoigne d’un intérêt grandissant.

Les motivations sont riches et variées. En tête, le plaisir de découvrir un territoire autrement, exprimé par 59,8% des participants parmi ceux qui voyagent à vélo, révèle le besoin d’authenticité. Le vélo permet de s’éloigner des sentiers battus, d’entrer en contact avec les habitants, d’observer la nature de près. L’aspect physique et le goût de l’effort motivent également 13,7% des pratiquants, pour qui le vélo est aussi une manière de rester actif tout en profitant.
Pour 6% d’entre eux, ils voyagent pour la convivialité. En effet, le cyclotourisme est avant tout une expérience humaine : rencontres spontanées avec les locaux, convivialité entre cyclistes sur les routes, voyages en groupe ou en famille pour créer des souvenirs. Pour 8,5%, le choix du vélo s’inscrit aussi dans une démarche écologique : limiter les émissions de CO₂, consommer local, respecter l’environnement.
Enfin, moins de 1% des répondants soulignent l’avantage économique du cyclotourisme, une pratique qui permet de maîtriser son budget voyage : alimentation flexible (pique-niques, achats en petites épiceries), économies sur les transports (pas de carburant, billets de train/taxi réduits), hébergements low-cost privilégiés (campings à 10-15€/nuit contre 50-80€ pour un hôtel). Ce sont ces valeurs qui font du cyclotourisme un vecteur de tourisme durable et une réponse contemporaine aux attentes d’un public en quête de cohérence entre valeurs, loisirs et mobilité.

Des pratiques multiples : comment les cyclotouristes organisent-ils leurs voyages ?
Les cyclotouristes interrogés montrent une grande diversité de pratiques, entre puristes minimalistes et voyageurs adeptes du confort planifié. L’un des premiers enseignements est le fort ancrage territorial : 60,7% des personnes interrogées déclarent voyager uniquement en France, attirées par la richesse des paysages, la sécurité, et la facilité d’accès. 38,7% partagent leurs voyages entre France et étranger, et moins de 1% privilégient exclusivement des destinations hors de l’Hexagone.

Côté logistique, 45,1% des cyclotouristes partent directement de chez eux, prônant un voyage 100 % à vélo, sans motorisation préalable. Les autres font appel à un mode de transport pour se rendre au point de départ : 43,7% en voiture, souvent faute d’alternatives, et 66% en train, un chiffre qui souligne l’intérêt pour l’intermodalité, malgré les difficultés rencontrées (voir plus bas).
Le type de vélo utilisé reflète aussi la diversité des profils : 75,8% utilisent un vélo classique, qu’ils soient de randonnée, VTC ou gravel. 22,4% adoptent un vélo à assistance électrique, ce qui permet à des publics moins entraînés ou plus âgés de se lancer dans l’aventure. Les vélos cargo, pliants ou couchés restent minoritaires, mais traduisent une recherche de solutions adaptées à des contraintes spécifiques.

Quant à la composition des groupes, elle révèle l’image intime et conviviale du cyclotourisme. 43,5% des voyages se font en couple, 43,9% en solo, ce qui confirme le fort aspect introspectif de cette pratique. Les voyages entre amis (31,3%) ou en famille (26,7%) existent également, avec un potentiel de croissance à mesure que les infrastructures deviennent plus rassurantes pour les enfants.
Ce qui freine encore le développement du cyclotourisme
Si le cyclotourisme séduit de plus en plus de Français, de nombreux freins structurels restent à lever pour qu’il se développe à grande échelle. Le transport publique non adapté au cyclotourisme est de loin le principal obstacle. 70,4% des participants dénoncent les difficultés à transporter un vélo dans les trains : peu de places disponibles, réservations complexes, absence d’informations claires. Cette barrière logistique empêche de nombreux cyclotouristes de combiner transport ferroviaire et vélo, une combinaison pourtant idéale pour des voyages plus longs ou en itinérance. Je suis impatient que la SNCF adapte sa politique de voyage avec vélo comme en Allemagne ou Autriche.
Deuxième frein majeur : le manque d’infrastructures adaptées. 40,6% des répondants estiment que les pistes cyclables sont insuffisantes, mal connectées ou peu sécurisées. Ce déficit freine notamment les débutants, les familles et les publics moins aguerris, pour qui la sécurité est un facteur clé.
À cela s’ajoutent d’autres freins plus diffus : 26,5% évoquent un manque de temps pour organiser leur voyage, 12,8% pointent le manque d’informations pratiques (cartes, hébergements, lieux de réparation). Enfin, 19,7% mentionnent la météo comme un facteur d’hésitation, surtout pour les novices qui craignent de ne pas pouvoir s’adapter aux imprévus climatiques.

Ce que les cyclotouristes attendent pour rouler plus loin
Les attentes exprimées par les cyclotouristes sont à la fois claires, concrètes et atteignables. Elles forment une feuille de route pour les collectivités, les acteurs du tourisme et les opérateurs de transport. En tête des priorités, 79 % des répondants demandent le développement d’un réseau cyclable cohérent, sécurisé 🚧 , bien balisé, avec des liaisons continues entre villes, campagnes et sites touristiques.
Autre levier majeur : l’amélioration de l’intermodalité. Pour la majorité, il est urgent de simplifier l’accès au train avec un vélo, sans démontage ni contrainte excessive. La généralisation des wagons vélos, la fin des réservations payantes et une meilleure signalétique seraient des mesures fortement attendues.
Le besoin en hébergements adaptés est aussi criant : 45 % aimeraient davantage de lieux labellisés “Accueil Vélo”, garantissant local à vélo, outillage, information, horaires flexibles, etc. D’autres revendiquent un accès facilité à l’information : 38 % souhaitent des applications ou plateformes regroupant itinéraires, cartes interactives, hébergements, points d’intérêt.
Enfin, 41 % estiment que des infrastructures complémentaires (stations de réparation, points d’eau potable, zones de bivouac, signalisation dédiée) seraient essentielles pour faciliter les voyages plus longs ou autonomes. Ces investissements relativement modestes pourraient avoir un impact considérable sur la fréquentation des itinéraires cyclables. Enfin, parmi les réponses recueillies, une mention spéciale revient à ce participant qui a proposé avec humour : « Des petites tireuses à bière le long des véloroutes 🙂 » — une idée rafraîchissante qui résume bien l’esprit détendu du cyclotourisme !
Un panel révélateur de tendances nationales
Avec 1000 cyclistes âgés de plus de 18 ans, cette enquête fournit un panorama riche de la communauté cyclotouriste. L’âge moyen des répondants se situe entre 36 et 55 ans (40,4%), une tranche active, disposant d’un pouvoir d’achat et d’un fort engagement écologique. Les 18-35 ans représentent 34%, souvent motivés par l’aspect sportif et l’expérientiel. Les 56 ans et plus (25,6%) ne sont pas en reste, notamment grâce au développement du VAE.
Côté emploi, on note une diversité : les employés (34,7%) et cadres supérieurs (31,8%) dominent largement, représentant ensemble les 2/3 des pratiquants. Les retraités forment un second groupe significatif (16,4%), tandis que les indépendants (7,5%) et étudiants (2,9%) sont moins représentés. Géographiquement, l’Auvergne-Rhône-Alpes (18,7%) et l’Île-de-France (16,2%) arrivent en tête, suivies par la Nouvelle-Aquitaine (11,5%) et les régions côtières (Pays de la Loire/PACA à 8,4% chacune), 4 régions avec de forts enjeux en matière de mobilité douce.
Conclusion
Le cyclotourisme apparaît clairement comme une pratique en expansion, qui coche toutes les cases du tourisme de demain : bas carbone, local, actif, convivial. Avec près de 9 pratiquants sur 10 et une forte envie de s’y mettre chez les autres, il a tous les atouts pour s’imposer comme un pilier du tourisme durable.
Mais pour libérer son plein potentiel, il faut lever des freins bien identifiés : infrastructures, intermodalité, accueil, information. L’enquête trace les contours d’un nouveau modèle touristique, à la fois doux et ambitieux, que les collectivités, entreprises et citoyens peuvent construire ensemble. En misant sur le cyclotourisme, la France se donne les moyens de conjuguer santé, écologie, économie locale et plaisir de voyager autrement.
Alors que nos voisins allemands génèrent 500M€/an grâce au cyclotourisme, la France dispose de tous les atouts pour devenir leader. Il ne manque qu’un ingrédient : une vraie volonté politique.